Ils dépoussièrent des archives menacées par les bactéries
Article par Le Quotidien
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Pour répondre à une demande croissante de la part du secteur public, une entreprise luxembourgeoise a développé un processus particulier, le dépoussiérage d’archives.
La société luxembourgeoise Labgroup emploie une centaine de salariés. Elle dispose de 400 000 boîtes d’archives sur ses 25 000 m² de stockage.
Dans des salles isolées et très sécurisées, deux opérateurs qualifiés manient avec délicatesse les archives qu’ils doivent dépoussiérer. Depuis un an, Labgroup, une société luxembourgeoise spécialisée dans l’archivage papier et électronique, a développé un service inédit au Grand-Duché : le dépoussiérage d’archives. Une méthode spécifique qui a demandé plusieurs mois de formation à cette entreprise. «Nous avons mis environ six mois pour tout préparer et fait appel à des experts français pour nous former», explique Yannick Pissel, product manager chez Labgroup.
Mais alors, comment cette méthode fonctionne-t-elle ? «Il y a plusieurs étapes. Après avoir récupéré les archives, nous commençons par les disposer dans une salle dite de quarantaine. Dans celle-ci, on arrive à maîtriser la température et l’hygrométrie. Pour être précis, il y fait entre 13 et 18 °C et il y a entre 45 et 55 % d’humidité dans l’air au maximum.» Une phase d’isolement qui peut durer d’un à trois mois en fonction de l’état de dégradation de l’archive.
Une fois que le niveau de traitement a été jugé acceptable, la deuxième étape peut commencer. «Quand on arrive en dessous de 10 % d’humidité, on peut commencer le traitement de dépoussiérage.» En premier lieu, les opérateurs vont, à l’aide d’un aspirateur, enlever la poussière des quatre côtés et des faces recto et verso de l’ouvrage. Puis, avec une brosse, ils nettoient page par page le livre.
Un travail minutieux qui demande beaucoup de rigueur. «Les opérateurs travaillent sur plus ou moins 30 centimètres d’archives par jour et par personne», souligne Yannick Pissel. «Une fois que tout est nettoyé, les archives sont disposées dans des contenants propres. Elles peuvent être stockées dans les locaux. Mais en général, elles repartent chez le client», poursuit le product manager. Avec ce processus, l’objectif est d’arrêter la prolifération de bactéries présentes sur ces documents.
Depuis un an, la société a dépoussiéré plusieurs centaines de mètres linéaires d’archives. Une production assez importante qui répond à une demande de plus en plus forte. «Il y a énormément de problèmes d’archives contaminées. Il faut savoir que lorsqu’un document est contaminé, il finit par se détruire et est complètement irrécupérable. Il y a une vraie perte d’information et de patrimoine. Notre mission, c’est un secours. Après le processus, ces archives reprennent une vie tout à fait normale», indique le product manager de Labgroup.
Parmi les clients de l’entreprise, on trouve des communes, des ministères et des administrations publiques. «Ce sont des documents qui ont une valeur de conservation historique, comme des registres, des décisions judiciaires, des ouvrages», souligne Yannick Pissel. Mais qui dit historique ne signifie pas que ces documents sont liés à l’Histoire. «
Pour l’instant, nous ne travaillons pas avec les musées. Le dépoussiérage d’archives n’est pas un rôle de restauration comme on pourrait le faire avec l’art. Le but est uniquement d’arrêter la prolifération des bactéries et des moisissures. Mais travailler avec les musées pourrait être quelque chose d’intéressant à réaliser dans le futur.»
À l’avenir, l’autre objectif pour cette entreprise, dont le chiffre d’affaires s’élève à 13 millions d’euros, est d’augmenter sa capacité de service pour le dépoussiérage au cas où la demande commencerait à s’accroître. «Ce n’est pas le but immédiat, car cela reste un produit de niche et quelque chose de très particulier. Mais cela reste un challenge pour nous.»
Outre le dépoussiérage d’archives, la société luxembourgeoise réalise également la destruction de documents. Jusqu’à 500 tonnes de papier sont détruites chaque année par Labgroup. Mais attention, ces archives ne sont pas jetées, mais revalorisées grâce au recyclage. «On fabrique ainsi du nouveau papier. Nous avons aussi beaucoup de demandes, notamment de la part des entreprises. Avec le règlement sur la protection des données, on ne peut pas conserver pendant plus de 10 ans des archives financières, comptables ou contractuelles. Il faut donc tout jeter», explique Yannick Pissel.
Un article Le Quotidien que vous pouvez retrouver ici.
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